De retour de Mèze, le Père prêche un nouveau Carême à Rodez, sur cinq semaines. « Le climat y est très rude, écrit-il à sa famille, et il m’a l’air de vouloir trop bien fraterniser avec mes vieilles douleurs de sciatique, mais la volonté de Dieu soit faite. Moi j’y gagnerai pour la patience et le mérite, et le cornu y perdra pour la bataille. »
Léon XIII fraîchement élu envoie au P. Marie-Antoine et à ses auditeurs la bénédiction apostolique.


Léon XIII Tombeau du cardinal Joseph Bourret à la cathédrale de Rodez
Ses deux premiers sermons seront sur la Papauté. Ce jour-là, l’Évangile donne le récit de la Transfiguration du Christ sur une haute montagne, devant les apôtres qui témoigneront1. Le Père le rapproche de la Papauté et du nouveau pape avec une telle abondance de textes sous une lumière si nouvelle, si imprévue, si brillante, si poétique, si riche en enseignements, que Mgr Bourret, présent, personnage aussi puissant que sévère, vibre d’un enthousiasme qu’il exprime en latin pour le hisser à la hauteur de l’événement : « Nunquam locutus est homo sicut hic homo, personne n’a jamais parlé comme cet homme ! ».
À sa demande, ces sermons de Carême à Rodez sont publiés et vendus au profit de la fondation du futur couvent capucin de Millau2. Ils ont un retentissement considérable. C’est que le P. Marie-Antoine a son cœur qui saigne en pensant au nouveau pape. Sa situation n’est pas brillante, s’est-il dit tristement dès son élection connue, compte tenu des évènements3. Alors, à sa façon, en preux chevalier il vient à son secours, en l’aimant, en le faisant aimer. Et en écrivant la nuit d’une plume obstinée, comme durant ces semaines de Carême à Rodez.