etude
Père Marie-Antoine de Lavaur Capucin
Extraite de l’interview de Jacqueline Baylé,
parue dans le Bulletin de Littérature Ecclésiastique,
de l’Institut Catholique de Toulouse
et réalisée par l’abbé Jean-François Galinier-Pallerola (avril-mai-juin 2012)
Cinquante ans de mission louangeuse: sur quoi fonder cette évaluation ?
1. À la mesure de sa popularité
Je pense avoir, en partie, répondu indirectement. Son succès mondain n’était pas, a priori, évident. Je vous livre les mots qu’une marquise, maître es-Jeux Floraux de surcroît, écrit en entendant le Capucin pour la première fois lors du premier pèlerinage en Terre Sainte, en 1882 : « Le P. Marie-Antoine nous est comme apparu tout entier dans un court et intime entretien. Parfois, la chaleur de ses invocations nous avait laissés froids, et nous eussions peut-être souhaité plus d’élégance dans sa diction, une simplicité moins réaliste dans sa puissante parole. Nous nous étions trompés. » Tout le monde n’a pas non plus 40, 50 ou 60.000 personnes suivant les évaluations, à son enterrement. Ni un journaliste d’un grand journal parisien pour écrire le lendemain : « L’ami et le consolateur des pauvres est mort. C’est une grande figure toulousaine qui disparaît… Il aurait pu posséder des millions (sic !). Mais, fidèle à sa foi, il couchait sur la planche la plus dure, dans une cellule étroite et froide. Nous, profanes, qui ne lui avons jamais parlé de son vivant, nous nous inclinons respectueusement devant son cercueil ». Mais laissons là le critère popularité et mesurons à l’aune de faits et de témoignages plus directs.
2. un confesseur très recherché
Les confessions, d’abord. Lors des missions, « ils viennent de partout, tous veulent se confesser. Si j’attendais l’heure ordinaire du réveil, j’entendrais à la porte du pauvre presbytère une légion de pénitents… et jusque bien avant dans la nuit »[3]. « Que de conversions il a obtenues de la sorte, qui, pour être secrètes, ne le cèdent en rien aux conversions retentissantes des impies, des indifférents et des pécheurs publics, dont il marquait chacun de ses pas dans la vie apostolique ! »[4] « À Lanty (dans la Haute-Marne), tous les jours j’ai confessé des vieillards qui avaient plus qu’un pied dans la tombe. Eh bien, ils ne pensaient pas plus à leur éternité que les bêtes sauvages qui sont dans les immenses forêts qui les entourent. Mon premier pénitent ne s’était pas confessé depuis 72 ans ! et tous les autres de son âge était du même gabarit. J’étais à peine au milieu de la mission et déjà toutes les femmes s’étaient confessées, et j’avais fait une triple trouée dans le bataillon carré des hommes. »
Le P. Marie-Antoine clôturant devant une foule immense sa mission de 1857 à Cahors
3. Des témoignages « autorisés »
Et quelques témoignages de ceux qui, légitimement, pouvaient dresser des bilans : du curé-doyen d’Uzerche (Corrèze), l’abbé Amadieu à qui le P. Marie-Antoine a écrit une « lettre d’encouragement » quelque temps après une belle mission de Noël en 1876 : « Ce bonheur que votre lettre m’a fait, je n’ai pas voulu le goûter seul et, le dimanche suivant, je l’ai lue, du haut de la chaire, à mon peuple d’Uzerche qui est aussi le vôtre. Tous les hommes que je vois me parlent du Père Marie-Antoine et me demandent s’il nous a écrit de nouveau. Il a fallu, à la demande des fidèles, recommencer plusieurs fois la lecture. » Puis, une autre lettre du même curé quelques mois plus tard : « Savez-vous que le parfum de la mission se conserve dans notre pauvre ville ? Les hommes surtout, sujet de votre paternelle sollicitude, assistent en grand nombre à la messe du dimanche, avec recueillement et une vraie joie d’occuper, sur des bancs neufs, la place d’honneur que vous leur avez assignée. Dans la rue, leurs chants sont devenus religieux, et j’entends en ce moment sous ma fenêtre : Marchons au combat, à la gloire ! ». Encore un témoignage parmi bien d’autres, d’évêques, par exemple de Mgr Épivent d’Aire : « Le bien qu’a fait le P. Marie-Antoine dans mon diocèse est si grand que je ne pourrais rien lui refuser », en fait la fondation d’un couvent capucin à Mont-de-Marsan. « Vous avez fait un miracle chez nous, répond le curé de Gondrin (diocèse d’Auch) à sa lettre « d’encouragement » après la mission. Vous avez créé dans les âmes de mes paroissiens, le sixième sens qui leur manquait : le cœur pour les choses de Dieu. »
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